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Un référentiel des compétences professionnelles définit les objectifs et la culture commune à tous les professionnels du professorat et de l'éducation. Ces compétences s'acquièrent et s'approfondissent au cours d'un processus continu débutant en formation initiale et se poursuivant tout au long de la carrière par l'expérience professionnelle accumulée et par l'apport de la formation continue.
La liste des compétences que les professeurs, professeurs documentalistes et conseillers principaux d'éducation doivent maîtriser pour l'exercice de leur métier est publiée au Bulletin officiel du 25 juillet 2013.
Ce référentiel de compétences a plusieurs objectifs :
- affirmer que tous les personnels concourent à des objectifs communs et peuvent se référer à la culture commune de leur profession
- reconnaître la spécificité des métiers du professorat et de l'éducation, dans leur contexte d'exercice
- identifier les compétences professionnelles attendues. Celles-ci s'acquièrent et s'approfondissent dès la formation initiale et se poursuivent tout au long de la carrière par l'expérience professionnelle et l'apport de la formation continue
Les compétences professionnelles attendues des métiers du professorat et de l'éducation
Compétences communes à tous les professeurs et personnels d'éducation
Les professeurs et les personnels d'éducation, acteurs du service public d'éducation
- Faire partager les valeurs de la République
- Inscrire son action dans le cadre des principes fondamentaux du système éducatif et dans le cadre réglementaire de l'école
Les professeurs et les personnels d'éducation, pédagogues et éducateurs au service de la réussite de tous les élèves
- Connaître les élèves et les processus d'apprentissage
- Prendre en compte la diversité des élèves
- Accompagner les élèves dans leur parcours de formation
- Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques
- Maîtriser la langue française à des fins de communication
- Utiliser une langue vivante étrangère dans les situations exigées par son métier
- Intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l'exercice de son métier
Les professeurs et les personnels d'éducation, acteurs de la communauté éducative
- Coopérer au sein d'une équipe
- Contribuer à l'action de la communauté éducative
- Coopérer avec les parents d'élèves
- Coopérer avec les partenaires de l'école
- S'engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel
Compétences communes à tous les professeurs
Les professeurs, professionnels porteurs de savoirs et d'une culture commune
- Maîtriser les savoirs disciplinaires et leur didactique
- Maîtriser la langue française dans le cadre de son enseignement
Les professeurs, praticiens experts des apprentissages
- Construire, mettre en œuvre et animer des situations d'enseignement et d'apprentissage prenant en compte la diversité des élèves
- Organiser et assurer un mode de fonctionnement du groupe favorisant l'apprentissage et la socialisation des élèves
- Évaluer les progrès et les acquisitions des élèves
Compétences spécifiques aux professeurs documentalistes
Les professeurs documentalistes, enseignants et maîtres d'œuvre de l'acquisition par tous les élèves d'une culture de l'information et des médias
- Maîtriser les connaissances et les compétences propres à l'éducation aux médias et à l'information
Les professeurs documentalistes, maîtres d'œuvre de l'organisation des ressources pédagogiques de l'établissement et de leur mise à disposition
- Mettre en œuvre la politique documentaire de l'établissement qu'il contribue à définir
- Assurer la responsabilité du centre de ressources et de la diffusion de l'information au sein de l'établissement
Les professeurs documentalistes, acteurs de l'ouverture de l'établissement sur son environnement éducatif, culturel et professionnel
- Contribuer à l'ouverture de l'établissement scolaire sur l'environnement éducatif, culturel et professionnel, local et régional, national, européen et international
Compétences spécifiques aux conseillers principaux d'éducation
Les conseillers principaux d'éducation, conseillers de l'ensemble de la communauté éducative et animateurs de la politique éducative de l'établissement
- Organiser les conditions de vie des élèves dans l'établissement, leur sécurité, la qualité de l'organisation matérielle et la gestion du temps
- Garantir, en lien avec les autres personnels, le respect des règles de vie et de droit dans l'établissement
- Impulser et coordonner le volet éducatif du projet d'établissement
- Assurer la responsabilité de l'organisation et de l'animation de l'équipe de vie scolaire
Les conseillers principaux d'éducation, accompagnateurs du parcours de formation des élèves
- Accompagner le parcours de l'élève sur les plans pédagogique et éducatif
- Accompagner les élèves, notamment dans leur formation à une citoyenneté participative
- Participer à la construction des parcours des élèves
Les conseillers principaux d'éducation, acteurs de la communauté éducative
- Travailler dans une équipe pédagogique
[Entretiens] Le professeur de demain est en formation
Florence Robine, directrice générale de l'enseignement scolaire (Dgesco)
En quoi consiste le Référentiel regroupant les compétences que les professionnels du professorat et de l'éducation doivent maîtriser pour exercer leurs métiers ? Quels sont ses objectifs ?
La réponse à cette question tient en une phrase : "Enseigner est un métier qui s’apprend". Et j’ajouterais : "qui s’apprend tout au long de la vie" dans un processus subtil de développement progressif et intégré de savoirs, de savoir faire et de savoir être.
Pour autant, cette alchimie
n’a rien de magique ni de garanti : c’est pourquoi il est
indispensable de l’expliciter dans un référentiel de compétences
professionnelles. Celui-ci, comme son nom l’indique, fournit un cadre de
référence commun à tous les professionnels de l’éducation et de la
formation.
Pour utiliser une image, le référentiel est à la fois la carte de
l’institution, la feuille de route des formateurs et la boussole de
chaque enseignant :
- pour l’institution, il traduit la culture professionnelle d’un métier dont l’identité recouvre des fondamentaux communs à tous et des spécificités propres à chaque spécialité ;
- pour les formateurs, il identifie les compétences fondamentales à acquérir en formation initiale, à consolider à l’entrée dans le métier et à développer dans un continuum tout au long de la carrière ;
- pour l’enseignant et le personnel d’éducation, c’est un outil dynamique qui lui permet de s’auto-positionner régulièrement et d’orienter son projet de formation.
Pourquoi avoir rénové ce Référentiel en juillet 2013 ?
Le référentiel antérieur - publié par arrêté 19 décembre 2006 – était juridiquement caduc : les modalités de formation et de recrutement des personnels enseignants et d’éducation n’étaient plus conformes à ce cahier des charges et, d’autre part, la loi de refondation du 8 juillet 2013 créant les ESPE posait l’obligation d’un nouvel arrêté.
Au-delà du motif réglementaire, la rénovation du référentiel s’imposait en profondeur : notre école du 21e siècle doit former les élèves pour qu’ils soient capables de s’adapter tout au long de leur vie à un environnement en constante évolution, de plus en plus mondialisé, multiculturel, divers et complexe, marqué par le numérique et la transformation de nombreux métiers. Il s’agit à la fois de leur faire acquérir des connaissances solides, de les rendre capables de mobiliser leurs acquis à l’école et dans la vie, d’encourager leur curiosité et leur créativité, de leur donner la volonté de continuer à apprendre et d’entreprendre en mobilisant leur intelligence collective. C’est tout le sens de la réécriture du socle commun de connaissances, de compétences et de culture prévu par la Loi.
Il était logique que le référentiel de compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation traduise ces évolutions dans la formation des enseignants et des personnels éducatifs.
Que signifie le concept de culture commune à l'ensemble des professionnels du professorat et de l'éducation (professeurs, professeurs documentalistes, conseillers principaux d'éducation, personnels d'éducation et acteurs de la communauté éducative) ? Quels objectifs communs partagent-ils ?
Le concept de culture commune renvoie à l’idée que tous les professionnels du service public de l’éducation se reconnaissent dans des valeurs et des convictions qui fondent leur action, notamment la fraternité, la laïcité, la conviction dans l’éducabilité de tous les élèves. Ce socle de valeurs fonde la noblesse du métier, à l’encontre des fausses valeurs – l’individualisme forcené, la compétition, le consumérisme – qui sont à l’œuvre dans notre société. Les enseignants se rassemblent autour d’objectifs communs qui assurent le sens, l’unité et la cohérence de leur action et auxquels il convient de les préparer : faire partager les valeurs de la République, agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques, coopérer au sein d’une équipe, coopérer avec les parents et les partenaires de l’école, prendre en compte la diversité des élèves et les accompagner dans leur parcours de formation, etc.
En tout, le référentiel comprend quatorze compétences communes contre dix dans le référentiel précédent : il consacre l’importance des valeurs républicaines et la dimension collective du métier, entre collègues, avec tous les membres de la communauté éducative, avec les parents et les partenaires : le travail enseignant est tout sauf un travail solitaire.
Quelle est la place du Référentiel dans le processus d'évaluation et de titularisation des fonctionnaires stagiaires ?
Par définition, un référentiel de compétences décrit les compétences associées au métier attendues par l’institution : il dresse le profil de l’enseignant expert, qui a développé sa professionnalité en se confrontant à une diversité de publics et de situations complexes qu’il a pu traiter en prenant du recul et en les comparant.
Pour le débutant, le référentiel peut être intimidant : c’est la raison pour laquelle la DGESCO a élaboré un outil d’accompagnement qui, pour chaque compétence, précise deux degrés de maîtrise raisonnables et observables en situation à l’entrée dans le métier, c’est-à-dire à la fin de la formation initiale et au début de la formation continuée.
Cet outil a vocation à "accompagner" le fonctionnaire stagiaire et ses tuteurs ; c’est un outil formatif. En revanche, il s’articule en étroite cohérence avec les grilles d’évaluation rénovées élaborées par la DGRH pour la titularisation des fonctionnaires stagiaires. Les deux textes figurent en annexe 11, 12, 13 et 14 à la note de service sur les modalités d’évaluation du stage et de la titularisation des personnels enseignants et d’éducation publiée au BOEN du 26 mars 2015.
Comment décririez-vous le professeur de demain ?
Je parlerais au présent car il s’agit du professeur tel qu’il est en train d’être formé dans les écoles supérieures du professorat et de l’éducation et auquel ressemblent les nombreux professeurs qui, à bas bruit, conduisent cette révolution silencieuse. Ces enseignants bienveillants qui font mieux réussir tous leurs élèves, qui expérimentent et innovent au quotidien sont nombreux et ils ne sont pas suffisamment reconnus et valorisés. Je tiens à les saluer.
S’il fallait dresser le portrait de ce professeur, je dirais que c’est un "praticien réflexif", en posture de recherche, qui fonde et ajuste son action sur l’évaluation des besoins et des progrès des élèves. Il pratique la différenciation pédagogique pour s’adapter à la diversité des élèves. Il utilise les outils numériques et les démarches de projet pour renforcer l’individualisation, l’interaction, la créativité et la collaboration entre les élèves. Acteur de la communauté éducative, il contribue avec ses pairs à la conception et à la mise en œuvre du projet d’école ou d’établissement dans son/ses environnements. C’est un humaniste, un ingénieur, un bâtisseur : en donnant du sens à son métier, il ouvre la porte de l’avenir à ses élèves.
Simone Bonnafous, directrice générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (Dgesip)
Pour les étudiants souhaitant pratiquer les métiers du professorat et de l'éducation, quelle formation permet d'acquérir puis de développer les compétences (communes et spécifiques) listées dans le Référentiel de compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation ?
Il faut, pour répondre à votre question, insister d’abord sur un point : les compétences pour exercer le métier de professeur ou de conseiller d’éducation s’acquièrent progressivement dans le cadre du master, bien entendu, mais aussi dans les premières années d’exercice et elles se renforcent tout au long de la vie professionnelle. Ce que précise en effet le référentiel -et qui est tout à fait central dans la conception de l’expertise du professionnel de l’éducation- c’est que les compétences professionnelles s’acquièrent et s’approfondissent au cours d’un processus continu qui débute en formation initiale (si possible dès la licence) et se poursuit tout au long de la carrière, en lien avec l’expérience sur le terrain, bien sûr, mais aussi avec la formation tout au long de la vie. Une formation initiale optimale est, dès lors, une formation qui outille le professionnel pour qu’il s’engage effectivement dans un tel processus.
Concrètement, les contenus de la formation dispensée durant les deux
années de formation du master "Métiers de l’enseignement, de l’éducation
et de la formation" sont construits en étroite relation avec ce
référentiel de compétences ainsi qu’avec le cadre national des
formations qui en découle.
Ils sont composés tout d’abord, et ce dans toutes les ESPE, d’enseignements dits de "tronc commun" qui s’adressent à tous les étudiants se destinant aux métiers du professorat et de l’éducation, sans distinction, et visent à construire la culture commune de leur profession.
A côté de ces enseignements communs à tous, on trouvera des enseignements spécifiques, en fonction des métiers, des disciplines, des niveaux d’enseignement qui permettent à chacun d’approfondir les connaissances disciplinaires indispensables à l’exercice de son métier mais aussi d’envisager la manière de les enseigner.
L’acquisition de compétences professionnelles se fait aussi via des stages dès la première année de master qui permettent d’accéder graduellement à la prise en charge d’une classe : observation, pratique accompagnée puis en responsabilité.
C’est cette formation en alternance qui articule fortement savoirs théoriques et savoirs pratiques qui permet au mieux l’acquisition, pas à pas, de compétences et l’entrée progressive dans un métier d’éducation. Elle s’effectue avec des méthodes pédagogiques variées en fonction des objectifs et est prise en charge par une équipe dont la réforme a souhaité qu’elle soit "plurielle", c’est-à-dire constituée des différents acteurs concernés par l’éducation : enseignants de l’université, bien sûr, mais aussi partenaires académiques (corps d’inspection, chefs d’établissement, enseignant, etc.).
Vous avez parlé de culture commune mais que signifie ce concept appliqué à l'ensemble des professionnels du professorat et de l'éducation (professeurs, professeurs documentalistes, conseillers principaux d'éducation, personnels d'éducation et acteurs de la communauté éducative) ? Qu’ont-ils en commun ?
Identifier des compétences communes à tous, c’est poser un niveau d’exigence pour l’école de la République et garantir la même qualité du service sur tout le territoire. C’est aussi aider chacun construire une identité professionnelle, une identité, dit l’arrêté du 1er juillet 2013 qui "se constitue à partir de la reconnaissance de chacun de ses membres".
Les 14 compétences qu’il appartient à tous les professeurs et personnels d’éducation de s’approprier progressivement s’organisent en quatre grands domaines : les valeurs de la République et le cadre éthique et institutionnel dans lequel elles se déploient, les thèmes d’éducation transversaux et les grands sujets sociétaux, les gestes professionnels liés aux situations d’apprentissage, les connaissances liées au parcours des élèves. Les événements tragiques de janvier 2015 en France mais aussi, plus largement, le contexte national et mondial, montrent la grande nécessité pour notre pays de pouvoir s’appuyer sur des professeurs et personnels d’éducation bien formés sur ces points et porteurs d’une vision partagée des missions de l’école. La pédagogie et la démocratie ont fortement à voir l’une avec l’autre .
Vous parlez d’un professeur bien formé, mais comment décririez-vous le professeur de demain ?
En posant les compétences communes et spécifiques aux professeurs, le référentiel dessine le portrait d’un professionnel doté de connaissances disciplinaires précises mais aussi d’un savoir-faire pour organiser les apprentissages, se former, travailler en équipe, s’interroger sur sa propre pratique, dialoguer avec les parents etc.
Dans le même temps, nous savons que le contexte d’exercice du métier évoluera et que l’enseignant de demain devra évoluer en conséquence. Pour s’adapter durant toute sa carrière, aux évolutions du contexte, l’enseignant aura besoin d’inventivité. Ces notions sont présentes dans le concept de "compétences" dont le référentiel précise que chacune implique de celui qui la met en œuvre "la réflexion critique, la créativité, l’initiative, la résolution de problèmes, l’évaluation des risques, la prise de décision et la gestion constructive des sentiments". C’est bien un professionnel réflexif, autonome et créatif qui sera le mieux outillé pour affronter de demain.
Il devra aussi intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier (c’est l’une des 14 compétences communes) et, enfin, pour participer pleinement de la diversité et de la fluidité du monde actuel, s’ouvrir de plus en plus sur l’international et l’interculturel.