Édu_Num
Thématique N°08
Mars
2019 : La citoyenneté à l'ère du numérique
SOMMAIRE
L’objectif
de cette nouvelle lettre Édu_Num associée à une collection Zotero est
de s'inscrire dans la thématique «
Citoyenneté numérique et numérique citoyen » abordée
lors du 10ème colloque ÉcriTech et
des Rencontres
de l'Orme 2019. Il s'agit de voir
en quoi les technologies digitales redessinent les contours de
la notion de citoyenneté souvent associée à la nationalité,
dans un contexte où le numérique permet de s'affranchir des
frontières physiques de l’État-nation. Peut-on cependant
utiliser l'expression de « citoyenneté mondiale »
qui fait référence « à un sentiment d’appartenance à une
grande communauté et à une humanité commune [et] met l’accent
sur l’interdépendance politique, économique, sociale et
culturelle, et sur l’interconnexion entre le local, le
national et le mondial » (Unesco, 2015) ? Comment éduquer
à la citoyenneté à l’ère du numérique ?
On
trouvera ci-dessous un outil de remue-méninges permettant de
recueillir les contributions pour tenter de définir ce que
recouvre la citoyenneté à l'ère du numérique. Des pistes
d'analyse théoriques et pédagogiques sont également suggérées.
Contribuez
à définir la citoyenneté à l'ère du numérique en soumettant
vos propositions (mots-clefs ou expressions-clefs) dans le
nuage textuel ci-dessous via AnswerGarden :
Comme
le précise Benoît
Petit, « Être citoyen, [aujourd'hui], c’est
nécessairement exercer ce rôle en prenant en compte le
numérique, qu’on y soit acteur ou non ». L'expression
même de « citoyenneté numérique » fait débat et sa
définition tout autant, ce qu'illustrent les différentes
contributions rassemblées ci-dessous.
Dans
leur article issu de la revue Réseaux, Fabienne
Greffet et Stéphanie
Wojcik indiquent que « spécifier
le caractère numérique de
la citoyenneté ne relève pas de l'évidence ». L'expression
« citoyenneté numérique » renvoie à la notion de «
digital citizenship » beaucoup plus usitée dans la littérature
anglo-saxonne, pouvant couvrir « un spectre extrêmement large
de significations ». La citoyenneté numérique se réfère à de
nombreuses figures, selon les auteures, celle du monitorial citizen de Michael
Schudson surveillant la scène
politique, celle du consumer
citizen (citoyen consommateur)
étudiée par Sigrid Baringhorst ou
encore celle du digital
citizen identifiée par ZiziPapacharissi.
Outre
ces figures, d'autres auteurs travaillent « à la
conceptualisation, plus large, des rapports entre démocratie
et technologies ». À cet égard, Fabienne Greffet et Stéphanie
Wojcik précisent plus loin dans l'article que « de nombreuses
études posent encore largement comme prémices la capacité
d'Internet et désormais des réseaux socio-numériques, du "web
2.0", à revitaliser la citoyenneté - en référence d'une part,
aux formes de la participation politique et d'autre part, à
celle de l'engagement civique, parfois en associant les deux
[...] ».
Le Conseil
économique, social et environnemental (CESE)
a adopté, le 10 janvier 2017, un avis intitulé «
Réseaux sociaux numériques comment renforcer l'engagement
citoyen ? ». Le Conseil économique, social et
environnemental favorise le dialogue entre les différentes
composantes de la société civile organisée et qualifiée en
assurant l’interface avec les décideuses et décideurs
politiques. L’avis (adopté à l'unanimité) propose de
favoriser, reconnaître et valoriser l’engagement, les
initiatives citoyennes et la démocratie participative via les
réseaux sociaux et de donner aux socionautes des instruments,
au cœur desquels l’éducation et la formation, afin de
développer un usage responsable et de lutter contre les
dérives de ces nouvelles technologies numériques. Les
préconisations du CESE sont les suivantes :
- Faire
de l’accès à internet un droit effectif pour toutes les
personnes (réduction de la fracture numérique, inclusion
numérique, financement du droit à l'Internet).
- Reconnaître
et valoriser l’engagement sur les réseaux sociaux.
- Former
des internautes responsables.
- Favoriser
un engagement et des usages responsables des réseaux
sociaux.
- Protéger
l'engagement.
Le
rapport mentionne les démarches en plein essor de «
gouvernement ouvert » («
Open Gov » et de démocratie
participative «
Civic Tech ») qui s'appuient sur le libre accès et
usages des données publiques («
Open Data ») répondant à ce souci d’assurer la
transparence du processus de co-élaboration et des outils.
Dans
son ouvrage traduit de l’anglais en langue française par William
Piette, Mike
Ribble identifie 9 éléments pour
cerner, selon ses termes, la complexité de la citoyenneté
numérique et les soucis liés aux usages abusifs ou maladroits
de la technologie : accès au numérique (participation complète
à une société numérique), commerce électronique (acheter et
vendre dans un monde numérique), communication numérique,
littératie numérique, étiquette en ligne, loi numérique,
droits et responsabilités en ligne, santé et bien-être en
ligne, cybersécurité (autoprotection).
Ces
9 éléments visent selon l'auteur à permettre aux enseignants
notamment de mieux saisir la variété des sujets qui forment la
citoyenneté numérique et à offrir ainsi un cadre à la fois
souple et structuré d'exploitation pédagogique. Karine
Thonnard, collaboratrice spéciale au présent
ouvrage, met à disposition en ligne une présentation complète
axée sur cette même notion.
Selon
le Conseil
de l'Europe, la citoyenneté
numérique désigne « le
maniement efficace et positif des technologies numériques (créer,
travailler, partager, établir des relations sociales,
rechercher, jouer, communiquer et apprendre), la participation active et
responsable (valeurs, aptitudes,
attitudes, connaissance) aux
communautés (locales, nationales,
mondiales) à
tous les niveaux (politique,
économique, social, culturel et interculturel), l’engagement dans un double
processus d’apprentissage tout au long de la vie (dans
des structures formelles, informelles et non formelles) et la défense continue de la
dignité humaine ».
Le
développement desdites compétences doit viser selon Benoît
Petit une réelle autonomisation
des apprenants dans le cadre d'une démarche de réflexion
éthique :
Avant
de nous demander s’il faut définir la citoyenneté numérique
comme l’extension
au numérique des droits et devoirs de la citoyenneté
classique ou bien comme la nouvelle forme de
citoyenneté rendue possible et nécessaire par le numérique
lui-même, dissipons préalablement la confusion qui
empêche d’accéder à la notion même de citoyenneté. Rappelons
que, conceptuellement, un citoyen ne se confond ni avec un
individu (être biologiquement individué défini par des besoins
physiologiques) ni avec une personne (entité morale et
juridique jouissant de capacité autonome d’action et de
décision) : est citoyen l’humain qui jouit des droits et
devoirs civiques par lesquels il est reconnu membre d’une
communauté de nature politique. Le citoyen ne s’envisage donc
« que par ses relations avec le corps de l’État » (Jean-Jacques
Rousseau, Discours
sur l’économie politique. p.
18). La citoyenneté est ainsi le fait d’appartenir à un corps
politique dont les membres sont organiquement reliés par des
droits et des devoirs définis par constitution. L’exercice de
la citoyenneté est l’exercice de ces droits et devoirs. Cet
exercice s’effectue concrètement dans tous les espaces et
territoires reconnus, définis et régis par la législation dont
se dote le corps politique en vertu de sa souveraineté, c’est
à dire en vertu de l’exercice de son pouvoir
d’autodétermination effectif en tant que corps (pour la
législation ayant cours en France, voir le Journal
officiel).
On
pourrait penser que l’invention des espaces numériques a
simplement ajouté à la citoyenneté un espace, un territoire
supplémentaire d’exercice et qu’il s’agit simplement d’étendre
à ce territoire, progressivement annexé à des normes autres
que ses propres normes techniques, la juridicité déjà en
vigueur dans le corps politique. C’est là le point de vue de Mike
Ribble de l’ISTE (International
Society for Technology in Education) qui identifie 9
éléments constitutifs de la
citoyenneté numérique comme autant de domaines numériques dont
la normativité juridique et politique et le citoyen doivent
s’emparer, notamment grâce à l’éducation : accès au numérique,
commerce électronique, communication numérique, littératie
numérique, étiquette en ligne, loi numérique, droits et
responsabilités en ligne, santé et bien-être en ligne,
cybersécurité.
Avec Bernard
Stiegler analysant le phénomène
de la disruption,
on pourra cependant se demander si ce point de vue ne nous
condamne pas irréductiblement à constater l’incapacité de la
normativité juridique et politique, c’est à dire aussi du
citoyen ayant à exercer cette normativité, à annexer jamais la
territorialité numérique : le droit et la législation sont en
effet toujours en retard sur l’innovation technologique et la
prolifération des territorialités, sociabilités et
interactions nouvelles que l’innovation numérique rend
possibles ; comment les citoyens n’accuseraient-ils pas ce
même retard, voire un retard aggravé car démultiplié par leur
méconnaissance du droit, sans parler de leur ignorance du
numérique lui-même ? Même avec la meilleure volonté,
l’éducation prend du temps et pendant ce temps, l’innovation
se poursuit.
L’existence
du numérique fait donc assurément entrer en crise la
citoyenneté classique, confrontée aux limites de sa puissance
d’exercice et de régulation. Aussi, pour éviter de désespérer
de la citoyenneté, pourquoi ne pas changer de point de vue et,
plutôt que penser que le numérique pourrait être absorbé dans
les normes de juridicité existantes et annexé par les corps
politiques existants, se demander si ce n’est pas l’inverse
qui est vrai, à savoir : c’est le numérique qui, plutôt
qu’être un territoire à annexer, est un pouvoir actif qui
absorbe, annexe, digère et réinterprète sous des formes
numérisées les territoires et domaines sur lesquels le droit
légifère, les interactions concrètes par lesquelles les
sociétés se constituent en corps politiques, de sorte que ce
soit nécessairement dans le numérique et par lui que
dorénavant les citoyens soient appelés à faire corps et
exercer leur citoyenneté et leur souveraineté ? Ce
renversement de point de vue, anticipé par la philosophie du
rhizome de Deleuze (Cf. Cours
sur le code et l’économie des flux du
14 décembre 1971) ou celle de la distribution universelle du
pouvoir et de ses jeux de gouvernementalité chez Foucault (Cf. document
vidéo surtout à partir de 14 mn 40 s),
n’intéresse la politique et la citoyenneté que parce que
d’abord il intéresse la sociabilité effective, la constitution
concrète des sociétés humaines et de leurs règles dans et par
la prolifération des interactions interindividuelles.
Ces
interactions ne sont pas toutes numérisées ni numérisables
mais le numérique rend possible une médiation technologique
pour nombre d’entre elles, quand elle ne la rend pas de fait
nécessaire : aujourd’hui de plus en plus d’actes
administratifs élémentaires et socialement indispensables ne
sont plus praticables que sous des formes technologiques
exigeant le numérique. Aucune campagne électorale,
communication politique, ou mobilisation large n’est plus
concevable sans utilisation du numérique. Le numérique est
devenu une puissance systémique de mise en forme et de
production réinterprétée de la relation sociale: il rend même
possible des formes de sociabilité non plus seulement avec des
personnes humaines mais avec des objets (qui ne sont plus
simplement ce par quoi nous communiquons mais ce avec quoi
nous communiquons et dans l’interaction avec quoi nous
construisons nos subjectivités : robots, faunes et lignées
quasi-biologiques d’objets connectés, … Cf. le film Her de Spike
Jonze).
Le
numérique est gros d’une sociabilité qui en permanence produit
ses propres règles d’organisation et autant de sociétés
devenant autant de corps systémiquement producteurs de normes,
règles ou lois, auxquels sont attachés des membres plus ou
moins nombreux et plus ou moins conscients de leur
souveraineté acquise dans et par le pouvoir numérique (jusqu’à
faire concurrence aux États traditionnels : des entreprises –
notamment les grandes entreprises du numérique, les GAFAM :
Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft - deviennent autant
d’entités néo-hanséatiques reconnues comme des entités
politiques à part entière, au point que certains États comme
le Danemark leur envoient désormais des ambassadeurs pour
traiter avec elles). Ce n’est pas un hasard aussi si on
remarque que manque fâcheusement à la liste des 9 domaines
pointés par Mike Ribble le domaine de l’exercice numérique de
la décision civique, exercice aujourd’hui profondément
transformé et revigoré par les recherches et innovations en technologie
civique : ici le numérique n’est pas
un territoire qui doit subir passivement un encadrement
juridique et politique, il est la matrice active qui redonne
une impulsion à la juridicité et à la politique comme
exercices concrets, en les instituant sur les fondements
techniques nouveaux et efficients qui lui sont propres (mais
contrairement à Tocqueville qui
étudiait dans De
la démocratie en Amérique les conséquences
de l’invention de la presse écrite sur la vie politique ,
nous avons du mal à voir que le droit et la politique ont
toujours eu des fondements techniques car ils ont toujours eu
à trouver les moyens efficients nécessaires pour produire et
diffuser leurs effets).
Dominique
Cardon montre dans La démocratie internet.
Promesses et limites (Paris, Seuil,
2010) que le réseau numérique de l’Internet est en lui-même,
du moins au départ de son développement chez les
universitaires dès les années 70, porteur d’un projet de
sociabilité à valeur politique, qui est aussi un projet
citoyen d’exigence de maintien et respect des libertés
individuelles, dans la pleine conscience chez les utilisateurs
de chercher à exercer par le pouvoir du numérique des droits
et des devoirs en toute légitimité et souveraineté, y compris
au besoin contre l’État dont les utilisateurs peuvent être
citoyens (voir les cas des cybermilitants Aaron
Schwartz, Edward
Snowden, Chelsea
Manning, ou Julian
Assange). Pierre
Musso montre dans sa Critique des réseaux (Paris,
P.U.F., 2003) que la rationalité
réticulaire – qui est le type de
rationalité propre aux relations en réseaux) et qui est propre
au numérique - semble intrinsèquement
porteuse d’une mise en forme horizontale des interactions
propice au développement d’utopies sociales et politiques et
porteuse de remise en cause de modèles de rationalité
verticaux procédant par hiérarchisation et subordination (« semble »
seulement, car la rationalité réticulaire, pour être
horizontale, reste cependant subordonnée elle-même à des
conditions matérielles et techniques d’exercice).
La
citoyenneté numérique ne serait donc pas tant la citoyenneté
classique cherchant à s’étendre au numérique que la
citoyenneté nouvelle dont le numérique produit lui-même la
possibilité et la nécessité, peut-être d’abord et surtout
parce que, disposant de la puissance de s’auto-organiser, les
normes, règles, lois qu’il se donne peuvent aussi tout à fait
localement voire très globalement s’instaurer non pas en
faveur mais contre les libertés de ses utilisateurs et
concepteurs, comme nous l’apprend l’article désormais
classique Code
is law du juriste Lawrence
Lessig paru dans le Harvard Journal en
janvier 2000 (https://framablog.org/2010/05/22/code-is-law-lessig/ ).
Le numérique ne pouvant sans désespoir être pensé comme une
extension territoriale d’une citoyenneté incapable de
l’annexer, il resterait à la citoyenneté à se penser comme
manifestation politique du pouvoir numérique lui-même, un
pouvoir numérique ayant à secréter en son sein ses propres
contrepouvoirs citoyens pour ne pas devenir instituteur de
tyrannie. Pour paraphraser Kant
( http://classiques.uqac.ca,
p.8), n’est-ce pas « l’insociable sociabilité » dont est
toujours grosse non la nature mais la puissance du numérique
qui nécessite de donner à cette dernière des formes citoyennes
d’exercice ?
Quoi
qu’il en soit de la solution apportée au problème de la
définition de la citoyenneté numérique, on ne peut que noter
que l’exercice effectif de la citoyenneté et de la capacité
politique est étroitement dépendant des conditions matérielles
de production de la sociabilité. Jean-Pierre
Vernant remarquait que le
principe et la pratique de l’isonomie - égalité sous la loi
constitutive de la citoyenneté antique et aujourd’hui encore
constitutive de la citoyenneté démocratique moderne - sont les
enfants de la phalange hoplitique (Cf. « La guerre des cités
», in Mythe
et société en Grèce ancienne, p. 56). Pour l’heure,
nous sommes loin encore d’avoir rencontré et prévu tous les
effets que le numérique aura sur les pratiques civiques et
politiques. Il se peut que le problème de l’établissement
d’une citoyenneté numérique effective ne puisse pas se régler
à partir de la législation particulière d’un État particulier
cherchant plus ou moins en vain à annexer une territorialité
et une normativité numériques proliférantes l’excédant de
toutes parts. Peut-être ne pourra-t-on avancer en direction
d’une résolution de ce problème qu’à partir d’une réflexion
cosmopolitique et juridique globale sur les libertés humaines
universelles et l’intérêt universel humain, deux horizons à
garantir quels que soient les corps politiques auxquels sont
attachés normativement des membres humains se concevant comme
des citoyens. Peut-être le numérique, devenant matrice
universelle, transnationale et transétatique de mise en
forme de la sociabilité humaine, nous met-il
finalement en demeure de penser la citoyenneté et son exercice
dans cet horizon cosmopolitique-là et non plus dans les seules
bornes de l’intérêt particulier des corps politiques
classiques que sont les États particuliers. Cependant, s’il
existe un génie politique singulier en chaque nation, pourquoi
exclure d’intéressantes réinterprétations numériques
nationales de ce que doit être la citoyenneté pour que cette
dernière puisse être effective plutôt qu’anéantie par le
constat de ses impuissances ?
Comme
évoqué précédemment le concept de « citoyenneté
numérique » fait l'objet de multiples interprétations.
Chaque discipline ou enseignement, à la manière de la
philosophie à l'instant, s'approprie ainsi différemment cette
notion plurielle : Arts
plastiques, Histoire
géographie, Langues
vivantes. De manière transversale, l'Éducation aux
Médias et à l'Information (EMI), composante du parcours
citoyen contribue également à
l'exercice et au développement d'une citoyenneté numérique.
La
construction de la citoyenneté numérique se bâtit dès l'école
primaire. En effet, celle-ci structure les
apprentissages autour d’un enjeu de formation central pour les
enfants : apprendre ensemble et vivre ensemble. La classe et
le groupe constituent une communauté d’apprentissage qui
établit les bases de la construction d’une citoyenneté
respectueuse des règles de la laïcité et ouverte sur la
pluralité des cultures dans le monde. Outre les recherches
documentaires sur Internet qui peuvent être conduites par
l'intermédiaire de la médiation de l'enseignant, des projets
de classe ou d’école induisant des relations avec d’autres
enfants favorisent des expériences de communication à
distance. L’enseignant évoque avec les enfants l’idée d’un
monde en réseau qui peut permettre de parler à d’autres
personnes parfois très éloignées.
Au cycle 2,
l'élève est sensibilisé à un usage
responsable du numérique. Par la construction de
projets individuels ou collectifs avec le numérique, il
aiguise son sens de l’engagement et de l’initiative. Lorsqu'il
effectue des recherches accompagnées sur Internet, il est
encouragé à développer un esprit critique par l'exploitation
et la mise en relation d'informations issues de ressources
numériques. La création et la réalisation de contenus avec le
numérique participent également au développement de ses
capacités expressives. Les possibilités de partage et de
diffusion de contenus en ligne contribuent quant à elles à une
première éducation aux codes de communication et d’expression
numériques. Enfin, l'élève acquiert le respect de soi et des
autres en comprenant la nécessité de protéger la vie privée de
chacun et de préserver les données à caractère personnel.
Au cycle
3, l'éducation aux médias et à l’information (EMI)
permet de familiariser les élèves avec une démarche de
questionnement dans les différents champs du savoir. Ils sont
conduits à développer des aptitudes à la réflexion critique.
En prenant conscience des enjeux civiques de l'usage de
l'informatique et de l'Internet, les élèves adoptent une attitude
critique en questionnant la
fiabilité et la pertinence des sources quand ils mènent une
recherche. Lorsqu'ils s'engagent dans la réalisation d'un
projet collectif avec le numérique, des dispositifs de
productions collaboratives développent des aptitudes de
coopération et favorisent le partage d'idées. Les questions
liées aux règles élémentaires du droit d’auteur sont aussi
convoquées comme celles du droit à l’image et du droit à la
protection des données personnelles.
Prim à
bord, le portail
du numérique pour le premier degré,
signale plusieurs ressources en lien avec la citoyenneté
numérique, notamment le concours Les
trophées des classes ayant pour
objectif de promouvoir une culture citoyenne des usages du
numérique dans le cadre de l’éducation aux médias et à
l’information.
L’approche
de la citoyenneté en arts plastiques est tout d’abord définie
dans le socle commun et les programmes de la discipline pour
les cycles primaire et secondaire. Les arts plastiques
contribuent à la formation citoyenne des élèves à partir des
compétences et des contenus disciplinaires. Ainsi, nombre de
phases pédagogiques, sollicitant le sensible, l'expression
personnelle et artistique, amènent les élèves à se confronter
au regard de l’autre, à travailler en groupe ou à accepter le
différent, le divergent. Tous ces contextes obligent les
élèves à comprendre les postures sociales et intellectuelles
permettant une articulation constructive avec le groupe à
différentes échelles. Les pratiques numériques, qu’elles
soient artistiques ou sociales , ont augmenté le besoin en
formation des élèves. Elles les mettent en situation dès leur
plus jeune âge d’exercer leur responsabilité citoyenne, en
particulier sur les réseaux sociaux dont le cadre légal impose
une compréhension des règles et une distance critique ,
notamment dans le domaine des images (publications
personnelles, réactions, identité numérique, droits d’auteur,
etc…). Nombre d’artistes par ailleurs (qu’ils appartiennent au
patrimoine ou au champ contemporain) à travers leur démarche
interrogent le spectateur sur son rapport au cadre social, sa
responsabilité ou son engagement. Ces exemples développés en
classe participent également à la formation citoyenne de
l’élève.
- Collectif
HeHe - Nuage vert, Ivry-sur-Seine, 2010.
Helen
Evans et Heiko
Hansen forment le duo HeHe.
Utilisant un langage fondé sur la lumière, l’image et le son,
ils mènent une recherche sur les relations entre les individus
et leur environnement architectural et urbain. Pour HeHe, la
ville est une source infinie de possibilités, non seulement
pour construire l’avenir mais aussi pour exercer son sens
critique, pour reprogrammer les bâtiments et les
infrastructures, pour rendre l’invisible visible et pour créer
de nouvelles significations tissant un récit pour les
habitants. Les projets de HeHe explorent les possibilités de
corrélations entre les phénomènes physiques, chimiques et
environnementaux. Sous ce pragmatisme technologique
transparaît en filigrane une approche poétique et sociale plus
large.
Le
projet Nuage
Vert porté par le collectif HeHe
consiste en la projection d’une image laser sur le contour
fluctuant d’un nuage de fumée d’usine pour former un panache
de lumière verte. Ce projet a été réalisé à Helsinki, en 2008,
sur les émissions de la centrale électrique Salmisaari, puis,
en 2010, sur les fumées émises par l’incinérateur
d'Ivry-sur-Seine, à proximité de Paris.
Le
Nuage Vert présente une forme simple et spectaculaire, un
signe flottant gracieusement au-dessus de la ville. A
l’extrémité du cycle création-destruction, là où la
collectivité brûle ce qui n’a pas pu être recyclé autrement,
il y a encore du sens et de la beauté. Pendant l’événement,
les émissions de vapeur deviennent à la fois une sculpture
environnementale et un signe d’alerte à tous, nous invitant à
moins consommer et à moins jeter. L’œuvre joue un rôle de
révélateur, elle fait prendre conscience au public de son
implication dans ce cycle et invite chacun à participer au
processus.
Nuage
Vert à Ivry - HeHe - Vimeo.
- Aram
Bartholl, Wow, 2009.
Aram
Bartholl est un artiste de
l’expérience collective. Sa performance urbaine “WoW” est
celle d’une esthétique relationnelle au sens de Nicolas
Bourriaud. Inspirée par le jeu
massivement multi-joueurs World of Warcraft, elle est aussi
issue du workshop définitivement participatif qui s’est
déroulé en 2009 au Laguna Art Museum.
A
Laguna Beach, en Californie, l’artiste allemand a commencé par
évoquer la manière dont les avatars sont affublés de leur nom
d’utilisateur dans les mondes persistants. Puis les
participants se sont mis au travail en découpant les
caractères typographiques de leurs prénoms et noms avant de
les accrocher au bout de longues tiges. La performance
consistant à se promener dans la ville côtière avec, au-dessus
de sa tête, son nom comme c’est l’usage dans les jeux 3D en
ligne. A la différence près que l’on dépend du porteur de sa
propre identité. En ligne, l’identité est interchangeable,
alors que dans le réel en changer s’avère compliqué. La
relation du virtuel au réel est l’une des questions
récurrentes du travail d’Aram Bartholl. Et qui mieux qu’un
artiste numérique serait à même de problématiser une identité
2.0, surtout lorsque celui-ci n’utilise que des morceaux de
carton et paires de ciseaux ?
Source
: https://www.flickr.com/photos/bartholl/sets/72157621188675795
- Lettre
Edu_Num N°16
Des usages numériques quotidiens des élèves l’enseignement
des arts plastiques
Depuis
de nombreuses années, Internet est présent dans les familles
et à l’École. Les tablettes se diffusent rapidement. Les
smartphones sont aujourd’hui d’un usage quotidien pour la
plupart des élèves. Les professeurs d’arts plastiques, dans
des règles et des temporalités qu’il convient toujours
d’encadrer, ont recours à leur potentialité pour soutenir
nombre d’activités (en rapport avec la forme, l’espace, la
couleur, l’image..., dessiner, filmer, enregistrer,
rechercher, partager, agencer..., travailler le geste
photographique, garder trace des étapes d’une
production...Aujourd’hui, les œuvres, les images, ne sont plus
seulement immobiles ou en mouvement, analogiques ou
numériques. Elles changent de codes, d’échelles, de supports,
de modalités de diffusion au gré des outils, des usages, des
diffusions... Avec les outils numériques mobiles, les élèves
ne sont plus seulement des récepteurs passifs. Ils arrachent
de nombreuses images au réel, les diffusent d’abondance par
l’Internet. Ils participent au « bruit » médiatique où les
images sont omniprésentes.
Source
: http://eduscol.education.fr/arts-plastiques/edunum/ticedu-arts-novembre-2015
- L'apport
des Arts Plastiques dans les valeurs de la République -
Académie de Nice
Quatre
enseignants sont intervenus pour présenter l'apport des Arts
Plastiques pour les valeurs de la République au séminaire
académique « Grande mobilisation de l'École pour les valeurs
de la République », 8 avril 2015, Centre International de
Valbonne Sophia Antipolis.
-
Représentations et symboles de la République La peinture
d'histoire
-
Les valeurs de la République dans la bande dessinée
-
Visage de la République, (la Marianne entre tradition et
contestation)
-
Les valeurs de la République et l'architecture
Source
: http://www.ac-nice.fr/arts/indexvaleurs.htm
- Cycle
3 et 4 - Contre des ombres - Académie de Nantes
Un
travail par ateliers autour du thème du harcèlement. Comment
un objet artistique peut-il entrer dans une démarche
d'engagement et poser question, suggérer, interpeller, faire
participer.
Source
: http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/arts-plastiques-insitu/enseignement/lecons/contre-des-ombres
L’histoire
et la géographie utilisent, dans le cadre de leurs
enseignements, de nombreuses et diverses ressources numériques
(sites institutionnels, systèmes d’information géographiques,
encyclopédies etc.). Elles interrogent non seulement les
contenus des ressources mais aussi les supports, les acteurs
et les contextes de production comme des éléments nécessaires
à la compréhension des sociétés humaines dans leur contexte
historique et géographique. Les élèves, citoyens en devenir,
doivent apprendre à se repérer dans une masse d’informations
toujours plus vaste et la notion de citoyenneté numérique a
ainsi une résonance et une importance particulières dans ces
disciplines mais aussi dans l’enseignement moral et civique.
Significativement, les programmes des cycles 3 et 4 de 2016
ont introduit la compétence disciplinaire « s’informer dans le
monde du numérique » en histoire et de géographie. La
déclinaison de cette nouvelle compétence esquisse les
compétences du citoyen numérique qui
devra : « connaître et utiliser différents systèmes
d’information ; trouver, sélectionner et exploiter des
informations ; vérifier l’origine / la source des informations
et leur pertinence ; exercer son esprit critique sur les
données numériques, apprendre à les comparer à celles qu’on
peut tirer de documents de types divers ». Les méthodes et
outils scientifiques de l’historien et du géographe semblent
ainsi contribuer, s’ils sont maîtrisés, à une information
raisonnée dans le monde numérique. Les compétences du citoyen
numérique s’articulent ainsi au moins autour de trois
dimensions indissociables : une dimension technique
(connaissance et utilisation des ressources), une dimension
informationnelle (lire, chercher, sélectionner, organiser) et
une dimension sociale (identifier les ressources, les publier
dans un cadre de confiance et exercer un esprit critique).
- Aix-Marseille
- EMC - 1ère STI ou 2nde
Séquence
qui propose d'étudier le rôle législatif de l'Assemblée
Nationale. La ressource utilisée est un webdocufiction « jour
de vote » qui permet aux élèves d'incarner un député récemment
élu qui doit se renseigner sur la loi - fictive - censée
remplacer Hadopi, parcourir les coulisses de l'Assemblée
nationale, en vue d'un vote. Les élèves travaillent en binômes
pour argumenter et préparer un débat.
http://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/jcms/c_10454352/fr/jour-de-vote
- Clermont-Ferrand
- EMC - Tous niveaux collège
Rubrique
« citoyenneté numérique » en « EMC » sur le site académique
[bas de page] http://www.ac-clermont.fr/disciplines/index.php?id=2785
Travail
sur la série documentaire «
Do not track » sur le tracking et
l’économie du Web et sa
présentation
Article
sur les pratiques
numériques juvéniles.
Une
activité sur les libertés et les réseaux sociaux. Présentation et fiche
élève
Tous
niveaux collège / lycée Concours blogue ton école, qui vise
plusieurs objectifs éducatifs et pédagogiques :
-
amener les élèves à produire une réflexion et à des
apprentissages dans le domaine de l’éducation aux médias et à
l’information (EMI)
- valoriser et appuyer une pédagogie de projet (projet de
voyage, échanges linguistiques, projet scientifique,
artistique et culturel),
- travailler la publication en ligne et ses enjeux.
Les
élèves, encadrés d’un ou plusieurs professeurs, publient leurs
productions sur des blogs hébergés par une plateforme
académique.
- Paris
/ Grenoble - Géographie / ICN - 1ère
Ce
scénario sur les transports en France en classe de première,
proposé par des enseignants d’histoire-géographie et
d’informatique, s’intègre dans le cadre de l’option
Informatique et création numérique : les élèves sont amenés à
réfléchir à la prolifération des infographies aujourd'hui et
sur ce que l'on peut « faire dire » à celles-ci en fonction
des critères retenus pour les élaborer. En géographie, il
s’agit d’identifier les ressources disponibles en ligne pour
la collecte de données statistiques (Open Data) et la
compréhension des enjeux liés aux représentations graphiques
pour la discipline. Le scénario
dans l’Édubase - La vidéo
produite pour le FIG
- Rouen
- Géographie - 2nde
Ce
scénario fait travailler les élèves de seconde sur deux SIG
qui donnent des informations différentes sur la montée des
eaux sur le littoral belge. Les élèves sont amenés à
caractériser les données cartographiées dans les deux cas afin
de comprendre ces différences et de s'interroger sur la
fiabilité des données des deux sites. Le scénario
dans l’Édubase - La vidéo
produite pour le FIG
Les
langues vivantes sont impliquées dans une réflexion sur la
citoyenneté numérique par exemple de l’EPI Information /
Communication / Citoyenneté en collaboration avec d’autres
matières. Elle est aussi au cœur des programmes. Dans le cadre
des TraAM 2015-2016, l’académie de Limoges a proposé une
séquence intitulée « Freedom of Speech » (http://pedagogie.ac-limoges.fr/langues_vivantes/spip.php?article210)
s'adressant à un public de niveau A2-B1. Il s’agit de
permettre aux élèves de s'informer de façon fiable sur un
thème d'actualité, de se repérer dans les différents médias
possibles et de construire un article de presse en respectant
les règles nécessaires à une utilisation citoyenne des médias.
L’académie
de Versailles, avec son projet Utiliser
Twitter en cours de langues vivantes et Faire
de l’éducation aux médias dans le
cadre de la WebRadio s’est penchée sur la création d’un compte
Twitter pour la classe et une WebRadio afin de faire réfléchir
des élèves sur leur vocabulaire et leurs codes. L’académie de
Grenoble a partagé quant à elle une séquence de collège sur Bullying
et Cyberbullying. Dans le cadre d’une campagne de
sensibilisation au harcèlement scolaire il s’agit de faire
créer par groupe une affiche qui illustrerait une des
différentes formes de harcèlement.
Dans
l’académie d’Orléans-Tours, des collégiens ont collaboré avec
des pairs de plusieurs pays anglophones dont l’Inde, les
États-Unis et le Pays de Galles pour produire des supports
webmédias avec une vraie réflexion
autour de l’usage des médias et du numérique.
L’académie de Poitiers propose un
projet
pluridisciplinaire d'éducation aux
médias (espagnol, documentaliste, ATPR, animateur culturel,
CLEMI) baptisé
¡La
diferencia nos enriquece ! ainsi que ce
projet
interdisciplinaire eTwinning (Espagnol,
Philosophie, EMC, Arts Plastiques) mené au Lycée italien de
Naples,
¡Luchemos
contra la discriminación !
eTwinning est
une communauté d’enseignants en Europe qui utilisent une
plateforme sécurisée pour conduire des projets collaboratifs à
distance (de la maternelle au lycée) grâce au numérique. eTwinning encourage le
développement des compétences numériques des élèves et promeut
les valeurs citoyennes au sein des classes à travers les
notions d’appartenance. Les élèves sont amenés à interagir au
travers d’un espace numérique de travail sécurisé : le
TwinSpace. Cet environnement leur permet de travailler en
collaboration et de participer activement à des projets tout
en étant sensibilisés à la sécurité en ligne au travers des
droits et des devoirs que cela nécessite. On trouvera sur le
portail national éduscol une page spécifique recensant, entre
autres, les projets centrés sur le thème de la citoyenneté
numérique, de la maternelle au lycée : http://eduscol.education.fr/cid110753/etwinning-et-la-citoyennete-numerique.html
Le portail
eTwinning met également à
disposition en décembre 2016 une publication intitulée «
Élever des citoyens européens » disponible
en 26 langues, mettant en lumière l'impact des projets
eTwinning qui promeuvent la citoyenneté active.
Selon
les auteurs, « trois grands piliers ressortent lorsque l’on
essaie de définir la citoyenneté numérique: l’appartenance,
l’engagement et la protection. Les citoyens du numérique
appartiennent à la société numérique. Ils utilisent les
technologies pour interagir activement avec la société. La
citoyenneté numérique permet [à chacun] de tirer parti des
technologies numériques de façon sûre et efficace ».
Sur
le compte Zotero
éduscol, vous trouverez plusieurs collections de
références imprimées et numériques qui prolongent les lettres
thématiques.
Comme
pour les autres collections, les ressources proposées sont
classées alphabétiquement et identifiées selon le type de
support. La recherche au sein de cette base s'effectue grâce
au moteur de recherche interne (plein texte, par champ) ou par
tag (nuage de mots clefs). Plus de 500 références sont
actuellement disponibles : articles de presse, travaux de
chercheurs, scénarios pédagogiques, émissions de radio ou de
télévision, extraits vidéos...
Cette
nouvelle collection, qui s'étoffe progressivement, agrège
désormais plus de 80 références. Elle est directement
accessible à cette adresse : https://www.zotero.org/groups/eduscol
Pour
rappel, Zotero est un logiciel libre et gratuit
multiplateformes de gestion bibliographique qui permet de
faciliter la collecte, le catalogage et l'indexation des
ressources. Une déclinaison simplifiée de l'application
(adaptée à l'édition rapide de courtes bibliographies) est
également disponible sur le web : ZoteroBib.
Lettre
proposée par la DNE A2
Coordination : Nathalie HERR
Rédaction : Pierre NOBIS, experts et contributeurs DNE A
Veille : Brigitte PIERRAT, Richard GALIN, Pierre NOBIS
Contact : dgesco.numerique@education.gouv.fr
Site : http://eduscol.education.fr/numerique/edunum-thematique/
Pour signaler vos scénarios sur l'Édubase, contactez
votre IAN