Ce qu'il faut retenir de l'évaluation du Cnesco
Le Cnesco publie un dossier complet d’évaluation sur l’éducation à l’orientation, appuyé sur deux enquêtes inédites (auprès des jeunes et auprès des chefs d’établissement), un rapport scientifique, quatre contributions thématiques et des comparaisons internationales. Il présente ses préconisations pour aider les élèves à construire leur parcours d’orientation.
Cette publication fait suite à la conférence de comparaisons internationales organisée en novembre 2018, en partenariat avec le Cese, France Stratégie et le Ciep.
Deux enquêtes inédites : auprès des jeunes de 18-25 ans et des chefs d'établissement
Accompagnement par l’établissement et coaching
Un jeune sur deux déclare ne pas avoir été bien accompagné par son établissement au sujet de l’orientation. Les filles, les élèves hors éducation prioritaire et ceux qui ont poursuivi leurs études en voie générale se considèrent moins accompagnés par l’institution scolaire. Face à cela, les familles favorisées font plus appel à des coachs payants, les classes moyennes à des coachs gratuits et les familles défavorisées se passent plus souvent de coachs.
Choix et renoncement
Près d’un jeune sur cinq estime qu’il n’a pas eu le choix de son orientation, particulièrement lorsqu’il est issu de l’enseignement professionnel. Le coût des études conduit un élève sur trois à renoncer à certaines filières.
Réformes de 2017
Deux réformes liées à l’accompagnement à l’orientation ont été mises en place en 2017 pour les élèves de Terminale. La quasi-totalité des établissements ont mis en place les deux professeurs principaux en Terminale (instauré fin 2017). En revanche, un tiers des établissements a été en mesure d’appliquer les deux semaines obligatoires dédiées à l’orientation en Terminale (instaurées fin 2017).
Mobilisation dans l’établissement
Les chefs d’établissement estiment très largement (81 % en collège et en lycée) qu’il est facile de mobiliser l’équipe éducative de l’établissement autour de la problématique de l’orientation. Cependant une minorité d’entre eux (27% en collège et 36 % au lycée) déclarent avoir été formés spécifiquement à l’orientation en tant que chefs d’établissement.
Bilan des politiques d'éducation à l'orientation en France
La politique d’éducation à l’orientation en France a été marquée par une multiplicité de réformes créant une confusion dans les objectifs politiques visés. Cela se traduit localement, par une difficulté de coordination entre les différents acteurs et par un manque de lisibilité de l’offre pour les élèves et leurs familles. Les enseignants, en première ligne sur l’orientation, sont très peu formés sur le sujet alors que les conseillers d’orientation (PsyEN), formés en psychologie puis spécialisés en orientation, sont inégalement répartis sur le territoire. Au final, le processus d’orientation présente toujours de fortes inégalités sociales et de genre se traduisant entre autres par des phénomènes d’autocensure.
Face à l’évolution très rapide des métiers, les jeunes doivent désormais être en capacité de « savoir évoluer » sur le marché du travail. La politique d’orientation doit donc désormais viser non plus uniquement à aider à trouver une formation professionnelle mais apprendre à s’orienter dans le système de formation initiale puis tout au long de la vie pour ajuster au mieux ses compétences professionnelles.
Des préconisations pour aider les élèves à construire leur parcours d'orientation
Éclairé par les évaluations produites par les chercheurs et le travail collectif de plus de 350 acteurs et décideurs de la communauté éducative, le Cnesco présente ses préconisations pour aider les élèves à construire leur parcours d’orientation.
Le Cnesco propose cinq principes essentiels pour le développement d’une politique d’éducation à l’orientation :
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Apprendre à s’orienter plutôt qu’ « être orienté » ;
- Mettre en place un continuum de l’éducation à l’orientation de l’enseignement scolaire à l’enseignement supérieur afin de faciliter l’orientation tout au long de la vie et de lutter efficacement contre les inégalités ;
- Mettre en œuvre certaines actions liées à l’orientation dans le cadre de classes entières pour limiter l’autocensure ;
- Permettre des parcours individualisés plutôt que des orientations définitives et des parcours fortement séparés ;
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Favoriser l’interaction de l’école avec les autres parties prenantes.
À partir de ces principes, le Cnesco décline une série de préconisations, en trois axes :
- des actions prioritaires : promouvoir une plateforme nationale d’informations et de contacts géolocalisés, développer la connaissance de soi (d’abord en éducation prioritaire, puis dans l’ensemble des collèges et, au final des écoles primaires), proposer un programme de lutte contre les inégalités d’orientation (bus de l’orientation dans les territoires isolés, crédit d’heures supplémentaires pour les élèves boursiers, programmes de lutte contre les stéréotypes de genre, échanges entre élèves, étudiants et professionnels en situation de handicap);
- des actions pour construire un véritable parcours d’orientation : mettre en réseau les acteurs locaux pour permettre la découverte des métiers, accorder du temps à l’expérimentation des métiers (enquête sur les métiers, immersion en entreprise, simulation), découvrir les filières à travers l’expérience des étudiants et l’immersion à l’université ;
- des actions pour impliquer tous les acteurs de la communauté éducative : former l’équipe éducative en partant des problèmatiques locales, former le plus de familles possobiles à l’accompagnement à l’orientation, mettre en place un mentorat réalisé par des professionnels, évaluer des dispositifs nationaux et régionaux.